“Si ça ne tenait qu’à moi, je…” : l’enfer de la frustration

“Si ça ne tenait qu’à moi, je… “

par Maud ETIENNE
CEO & fondatrice de .Konkret, cabinet de conseil en architecture intérieure et décoration

Photo de Benjamin Boccas


Samedi, il pleut. Assise sur mon canapé, je lis deux articles sur la décoration intérieure (mon job donc en gros, oui je bosse… :-). Ces deux articles abordent le même sujet qui m’interpelle : la frustration parfois générée par les professionnels de la décoration dans leur mission. 

Le premier article, publié dans Slate, dit que les émissions de décoration intérieure peuvent “miner notre moral”. A l’écoute des commentaires parfois désobligeants faits aux propriétaires, nous, les spectateurs, ressentons un malaise. Pire, de la frustration, en constatant que notre intérieur est loin d’être “parfait”.

L’article met l’accent sur ce que j'appellerais le “mal vivre” son intérieur : cette obsession de créer son intérieur en fonction des autres. Cette intention cachée de penser son lieu de vie en prévision d’une éventuelle revente avant de poser le canapé et alors même qu’elle n’est pas un projet.

Le second article donne la parole à dix-sept architectes d'intérieur et designers qui listent, selon eux, les tendances à laisser tomber car trop vues, trop répandues. Un peu étouffée par toutes ses injonctions, j'ai tout de même retrouvé mon souffle à la lecture de la conclusion : faites ce que vous voulez.

“Très souvent, mes clients commencent d’ailleurs la mission en semblant  frustrés. A l’affût de toutes les modes et écrasés sous le poids des injonctions à “ne plus” ou “ne pas” faire, ils n’accordent que peu de crédit à leurs propres envies.”

La lecture de ces deux articles m’a amené à la même conclusion : il existe, même non intentionnelle, une fabrique de la frustration dans cette séquence très intime d’aménager chez soi.

Très souvent, mes clients commencent d’ailleurs la mission en semblant  frustrés. A l’affût de toutes les modes et écrasés sous le poids des injonctions à “ne plus” ou “ne pas” faire, ils n’accordent que peu de crédit à leurs propres envies. Ils craignent parfois même de se voir déposséder de leur propre projet par des professionnels de l’aménagement intérieur.

Je ne compte plus les “Si ça ne tenait qu’à moi, je…” et cela m’invite à répondre toujours la même chose - j’espère libératrice - cela ne tient en vrai qu’à vous

S’autoriser, s’offrir les services d’un décorateur ou d’un architecte intérieur, c’est faire le choix du sur-mesure, d’être aidé dans la mise en cohérence du projet. Éviter les potentielles mauvaises combinaisons, aussi. C’est être accompagné dans le modelage de son cadre de vie idéal selon soi, pas en fonction des autres.

Maintenant qu’on a dit ça…
Comment faire pour créer cette harmonie et supprimer cette fameuse frustration ?

Raconter l’histoire de votre projet est cruciale. Votre motivation, vos vrais enjeux (pour vous, pour la famille, vis à vis de l’extérieur) seront les premières clés de votre aménagement intérieur et/ou de votre décoration.

Si vous souhaitez du tout scandinave, une cuisine rouge ou du papier jungle, allons-y, lâchez vous. C’est bien le message de cet article, sentez-vous libre d’exprimer vos aspirations. Pour vous y aider, notre mission est d'harmoniser vos envies et vous proposer les accessoires (de petits créateurs : vive Etsy !) qui vous ressemblent (ce qui fera l’objet d’un autre article).

Oui le jaune et le vert anis peuvent former un duo sans provoquer la cécité. Dans tous les cas, il s’agit de créer avec vous l’endroit qui vous ressemble et cela ne peut pas être frustrant, c’est une séquence merveilleuse. 

Et vous ? Si ça ne tenait qu’à vous, vous feriez quoi de votre intérieur ?